Artiste Peintre
Le Sampolo 2
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Pénétrer dans l'univers des peintres n'est pas chose aisée; certes - et contrairement à d'autres disciplines artistiques telles que la littérature et la poésie - la peinture semble jouir d'un grand privilège: celui de s'imposer au regard, sans effort ni contrainte.
Cet apparent avantage comporte toutefois des écueils : le risque de provoquer un jugement hâtif et superficiel en particulier. Il existe aux yeux de l'amateur averti comme à ceux du profane - pour des raisons bien différentes - des séductions justifiées et la première impression n'est pas forcément de celles qu'il convient de n'adopter que sous réserve d'inventaire. Mais combien de richesses se tiennent pudiquement voilées - à moins qu'elles ne se retranchent sous de rugueuses écorces. Combien de subtilités ne sont révélées qu'au cours d'approches répétées comme si, enfin confiantes, elles décidaient de se livrer nues à l'élu privilégié.
La peinture de Flavien SEMPÉRÉ est de cette dernière veine. Si, dès l'abord, elle s'est manifestée sous une apparence feutrée, discrète dans son Iyrisme bien qu'usant d'un chromatisme chaleureux - si elle a tenté, mue par un instinct légitime de réserve, d'envelopper dans un velouté de nuances ses joies intimes et ses vertiges angoissés - souvenons-nous d'un chaland, d'un quai et d'un pont sur la Seine qui valut à son auteur un premier triomphe et n'oublions pas le peintre face à ce nu de femme pétrie de chair douloureuse avec pour seule contrepartie le soupçon d'ironie du visage - si elle a cette peinture - cheminé parmi les clairs obscurs, ce fut toujours à la recherche de sa lumière intérieure, bannissant les dons du hasard, les éclairages flatteurs et refusant tout compromis avec la facilité.
Et voici qu'à force de s'interroger, SEMPÉRÉ découvre que l'art ne saurait être autre chose qu'un perpétuel point d'interrogation. Percevoir la lumière la plus secrète dans l'ombre la plus accomplie ne lui suffit plus. Il lui faut conquérir de nouvelles positions. Il cherche. Il s'obstine. Il se dépouille. D'aucuns penseront qu'il est prêt à se renier - qu'ayant épuisé son registre, effleuré l'abstrait par curiosité, il cherche à substituer à sa voie première une voie nouvelle. Erreur. A témoin, cette période de transition - examen de passage - où, privilégiant la nature morte, il en exigera plus de rigueur - une structure plus élaborée. La lumière doit étre
scrutée - c'est un fait. Il convient surtout de la construire. Elle n'émane pas seulement de la couleur mais aussi des formes. En particulier, elle se concentre en certains angles, avec acuité. Ailleurs, elle atteint sa plénitude selon certains rythmes.
Le front de SEMPÉRÉ s'éclaire. Sa palette s'allège sans cesse. Ses toiles deviennent une fête. Ne nous y trompons pas. Tout est là savamment orchestré, sous une apparence parfois de simple ébauche.
Ce qu'il convient de tenter : exprimer la lumière intérieure au sein même de la clarté souveraine. Telles ces marines, qu'elle soient méditerranéennes ou bretonnes. Hôte privilégié des petits ports de pêche, notre peintre, dans un univers réduit à ses résonances harmonieuses campe des façades éblouies de leur propre rayonnement, et sur une onde, sous un ciel aussi présents qu'immatériels jette le cri sauvage du goéland, les couleurs crues des coques et le défi des mâts. Telle noue criante de rouille, telle autre en proie au feu du dragon ou au bleu de charronnage.
© 2004-2016
Mais que deviendrait notre ami sans le paysage. C'est en lui qu'il rejoint l'âme secrète de son passé. Trop pudique pour que plane un regret dans ses toiles, il s'attache à ne traduire que son extase lumineuse. N'est-ce pas, en effet, le souvenir de sa clarté d'enfant qui joue subtilement sur les murs lorsqu'ayant planté son chevalet au seuil d'un hameau où règne une sereine absence, il s'évertue à exprimer la richesse des terroirs, l'âme des toits sur l'infini du ciel.
Et sa fraternité veut que nous nous associons à son enthousiasme et à ses découvertes.
Lucien LABORDE